(Cyber)flâneuse : Imaginer une mise à jour de la figure du flâneur dans une pratique de la vidéo


Clémence Lesné            

Le projet que je tente de mener à l’occasion de cette maîtrise est une tentative de créer des liens entre flânerie et cyberflânerie, en m'intéressant, incarnant et critiquant la pratique et la figure flâneuse. J’effectuerai ce pont notamment par la mise en regard d’un essai vidéo et d’un montage de flâneries nocturnes.

Pour ce qui concerne la cybeflânerie, mon intervention consiste en une mise en abyme de la notion de flânerie par le montage de déambulations numériques. Cette mise en abyme me permet de définir cet acte de flâner et cette figure qui l’accompagne par l’accumulation et la création de contenus et images issues d’internet que j’enregistre depuis mon écran, en adoptant la flânerie comme méthode et comme pratique : de la découverte de cette figure classique et élitiste du flâneur représentée par un homme blanc de classe privilégiée à la mesure duquel l’espace urbain a été structuré etc., j’ai suivi les cheminements de narrateur·ices qui décrivent et laissent imaginer des figures plus actuelles, diverses et inclusives de flâneur·ses. Issues de plusieurs temps de flâneries, c’est sur le modèle de l’hyperlien que le parcours dans ces images s’effectue, par le montage, passant selon les suggestions des moteurs de recherche de « flâner » à « flâneur », puis – en vertu des trouvailles et réflexions sur le sujet – « flâneuse » et « flâneur.se non blanc.he » etc… Les idées se succèdent et s’enrichissent par le montage de ces contenus empruntés, plus et moins modifiés et mis en regard les uns avec les autres, sans hiérarchisation des idées. On y voit historien·nes de l’art, philosophes et journalistes au même titre que des Youtubeur.ses, qui ont réfléchi à la question de la flânerie. 

Une autre vidéo consiste en un montage d’extraits à partir de captations vidéo de flâneries nocturnes. Le processus de réalisation pour cette partie du projet consiste donc à marcher dehors et filmer en quête notamment des couleurs du nocturne. Les images sont tournées au ralenti, le son est également enregistré. J’ai choisi l’espace urbain nocturne comme terrain premièrement parce que ma pratique de photographie nocturne me stimule sur plusieurs aspects, notamment esthétiques ; mais aussi parce que ce terrain me semble propice au questionnement quant aux conditions d’accès à l’espace public. La nuit me paraît être un bon terrain pour réfléchir à la problématique de l’accès à l’espace urbain, en même temps que je l’imagine comme une solution : à la fois un espace qui cristallise des peurs mais aussi un espace de potentielle liberté. Mon projet présente donc des extraits d’expérience de flânerie nocturne en vue subjective, en guise de documentation de ces flâneries et ayant pour objectif de générer une expérience pseudo immersive pour les visiteur·ses avec des projections à échelle 1. Ces dernièr·es seront plongées dans une espace sombre avec des projections et le son de la seconde vidéo retraçant les moments cyberflânerie. Cette vidéo viendrait donner des informations, poser des questions, être sujet réflexion à propos de la flânerie, de notre rapport à la nuit et à l'espace public, entre autres.