Atelier III : le mobilier-sculpture
Béatrice Boily est une artiste qui vit et travaille à Montréal. Employant l’installation, la photographie et la vidéo, sa pratique sculpturale tend à explorer le potentiel performatif et figural de l’objet. Ayant obtenu son B.A. en arts visuels et médiatiques à l’Université du Québec à Montréal (UQÀM) en 2016, elle y poursuit présentement sa maîtrise.
L’installation s’est élaborée à partir de la question suivante : comment réaliser une œuvre qui répond à l’espace proposé ? La configuration particulière du bâtiment – son aire ouverte, sa grande luminosité ainsi que son point de vue en plongé permis par le palier de l’escalier – justifia mon intérêt à investir l’espace spécifique au projet.
Plusieurs problématiques relatives à l’identité multiple de cette sculpture sont présentes. À l’instar de Scott Burton et de ces sculpture-mobiliers, celles-ci avaient le potentiel d’être la fois objets issus du design et sculptures. Pour mon projet, la malléabilité matérielle et l’ambiguïté rattachée à ses fonctions répond également à ce statut médian, puisque la sculpture prétend à la fois au vêtement, au mobilier et à un tracé graphique dans l’espace. Son matériau – un tissu jersey noir extensible –, sa construction cylindrique ainsi que l’ouverture en son centre, offre la possibilité d’occuper cette structure par la présence du corps. Son volume, sa forme ainsi que sa fonction s’en voient transformés.
Le projet m’apparait difficile à faire vivre au sein du contexte d’exposition. C’est-à-dire que sa fonction s’adapte aux différents besoins de l’espace et du corps. Parfois rangée, pliée, tendue ou habitée, cette sculpture prend peut-être réellement sens dans un espace domestique où elle s’en trouve toujours permutée. L’espace d’exposition exige une performance pour en illustrer les fonctions, tandis que l’espace de vie répond plus naturellement à la performativité de l’objet. On peut y dormir, y jouer, y lire, se balancer : la sculpture invite à investir son espace interne d’activités du quotidien.
À l’instar de d’Erwin Würm et de ses One minute Sculptures (1997-1998), la photographie m’apparait comme un choix logique pour capturer hors-galerie le vaste éventail de postures possibles de la sculpture : à la fois support et extension du corps, meuble et dessin dans l’espace.
Ce projet, même si présenté au sein d’un espace d’exposition, est le commencement d’une réflexion. Il s’agirait d’implanter la sculpture dans un espace privé et d’illustrer ses diverses adaptations au corps et à l’espace.